L'immense
mur semblait sans fin. Les blocs de pierres grisâtres qui le composaient
étaient verdît par le lichen. C'était la première fois que Siamang contemplait
cette construction d'aussi proche. Conformément aux recommandations de ses
aînés, elle s'en était toujours tenu à distance.
– Allez
viens! l'appela son ami Gibbon qui l'avait convaincue de le suivre jusque là.
C'est par ici…
La
dernière tempête avait provoqué l'affaissement partiel d'une partie du mur. Une
brèche s'y était formée. En escaladant la pile de pierres, il semblait
désormais facile de passer de l'autre côté de ce mur. Les aînés prétendaient pourtant
que nul ne l'avait franchi depuis des siècles hormis ses bâtisseurs.
– Allons-y!
fît Gibbon enthousiaste.
Les deux jeunes gens s'affairèrent donc à grimper
l'éboulement de briques grises pour traverser la brèche. Ce qu'ils virent de
l'autre côté de la muraille leur imposa un mutisme contemplatif. Bien sûr, ils
se doutaient de ce qu'ils trouveraient une fois là. La colline se trouvant dans
l'enceinte étant la seule des environs qui verdoyait d'arbres. Le reste du
monde connu était une steppe sans fin. Mais Siamang et Gibbon étaient estomaqués
de voir d'aussi prêt toutes les merveilles de ce dernier jardin.
Sans pouvoir contenir sa hâte, le jeune homme sauta en
bas du mur et courut vers un arbre gorgé de fruits bien mûrs. Son ventre
famélique se mit à rugir d'anticipation. Excité par une telle abondance, Gibbon
arrachait violemment les fruits de l'arbre, prenant une grosse bouchée de
chacun puis les lançait au loin avant de cueillir à nouveau un fruit.
– C'est tellement sucré! dit-il en gloussant de
satisfaction.
Un peu plus craintive que son compagnon, Siamang
réussissait à dominer son appétit. Mais ayant grandi dans les steppes, où la
faim était perpétuelle, elle avait également envie de s'emplir la panse jusqu'à
satiété. Toutefois, elle savait qu'il était dangereux de s'attarder dans ces
lieux.
– Allez! fît-elle. Ramassons autant de ces choses
sucrées que nous pouvons, puis partons d'ici.
Comme s'il l'avait écoutée, Gibbon cessa subitement de
s'empiffrer. Ses yeux prirent un regard fixe et un énorme bouton rouge lui
était apparu spontanément sur le front et se mettait à suinter une généreuse
coulée de sang.
– Gib? cria Siamang en courant vers son ami pour
l'attraper tandis qu'il s'effondrait mollement. Gib! Gib! Qu'est-ce qui
t'arrives? Qu'est-ce que tu as?
Elle n'eut pas le loisir de répondre à sa question,
puisqu'une balle lui pénétra la nuque à cet instant-là, interrompant tout
activité cérébrale dans son encéphale.
Sur le mur, se tenait un homme portant une arme à feu. Satisfait
de la sale besogne qu'il venait d'accomplir, il s'apprêtait à quitter les lieux
lorsqu'un autre homme, vêtu d'une toge à collerette, vînt à sa rencontre.
– C'est ici que vous vous cachiez Capitaine.
Comme pour se justifier, celui-ci répondît :
– Il y avait une brèche dans le mur… Deux
barbares ont réussi à la passer. Je me doutais bien que ça arriverait. À
l'automne quelques bandes installent leur camp non loin d'ici. Ils sont attirés
par les oiseaux migrateurs qui font escale dans notre lac, et espèrent bien en
capturer un ou deux pour les dévorer. Vous rendez-vous compte que ces barbares
mangent de la charogne? Répugnant. Enfin, j'ai réussi à euthanasier les deux
intrus.
– Je m'en réjouis. Alors? Comment avance la
petite mission que je vous avais confiée?
Le capitaine devint manifestement anxieux.
– Vous
devez comprendre qu'une bande de barbares s'est installée près de la Nécropole
et que…
– Je ne
veux pas de vos excuses Capitaine Malach. Je vous ai donné un ordre clair et
vous devez m'obéir. Rapportez-moi l'antiquité en question.
Le Capitaine Malach n'était pas
habitué à une pareille autorité. Il n'y a pas si longtemps, les Administrateurs
de la Cité géraient les affaires publiques avec sagesse et transparence. Chaque
consigne était expliquée et discutée avant d'être mis en œuvre. Mais depuis
quelques temps, le Conseil d'Administration semblait être plus exigeant et de
moins en moins ouvert à la discussion. Leurs commandements devenaient des
ordres qu'il ne fallait ni chercher à comprendre ni discuter. Une obéissance
aveugle était de mise.
– Pour
faciliter votre travail, nous allons faire voter un amendement à la loi sur
l'enrôlement, afin que vous puissiez assouplir vos critères de sélection
lorsque vous engagez un nouveau. Servez-vous de ce privilège pour recruter plus
de gardiens et envoyez ces novices à la Nécropole.
– Vous
êtes sûr que…
– Ne
contestez pas les décisions du Conseil, Capitaine. N'oubliez pas que nous avons
été élus avant tout pour notre sagesse supérieure. Si vous ne réussissez pas
votre mission cette fois, c'est l'Administrateur Gil qui viendra vous voir en
personne. Est-ce clair?
Le Capitaine Malach déglutît de
peur.
– Bien
Monsieur!
Ce que je voulais écrire c'était l'histoire d'un gars de notre époque qui se retrouve spontanément et mystérieusement dans un futur lointain. C'est un monde post-apocalyptique où se trouve une cité utopique entouré d'un désert peuplé de cannibales.
RépondreSupprimerLe récit sera d'abord une série de chocs culturels entre le personnage principal et la conception du monde des gens du futur. Cela permettra d'introduire plusieurs réflexions sur l'éthique par exemple.
Ensuite, l'autre volet sera de découvrir comment le monde est devenu ce qu'il est. On se rendra compte qu'il n'y a pas eu de catastrophe globale mais que ce futur est le résultat d'un processus lent et graduel. On découvre que cette cité futuriste était à notre époque un petit village perdu du nord du Québec.
Finalement, l'autre composante de l'histoire sera de comprendre pourquoi ce jeune homme de notre époque se retrouve ainsi dans le futur. La réponse impliquera que le personnage comprenne qu'il n'est pas ce qu'il pense être.